Là aussi, certainement, la camériste Edith attendait le retour de sa maîtresse.
Il lui eût suffi de voir cette jeune fille, de la prier de lui montrer la sortie de bal. Cela eût évité à Mrs. Lodgers de presser son retour.
Il venait à peine de formuler sa réflexion qu’un ronronnement d’automobile arriva jusqu’à lui ; la grille s’ouvrit et se referma avec un claquement sec. Il y eut un murmure de voix, puis la porte du salon s’ouvrit et Mrs. Lodgers parut sur le seuil.
— Mille pardons du léger retard, fit-elle aimablement, mon auto n’était point arrivée et, vous le savez, l’usage ne permet pas à une femme riche de se montrer à pied dans la rue.
— Oh ! répliqua l’Anglais, j’occupais agréablement mon temps, et il ne me venait à l’esprit que des formules louangeuses pour le goût exquis que trahit l’agencement de ce salon, l’apparence de l’hôtel.
Elle rit gaiement.
— Oh ! on voit bien que vous êtes du Vieux Monde. Vous dites sans effort des choses gracieuses.
— Voudriez-vous critiquer les manières américaines ?…
— Au ciel ne plaise. Je constate seulement que, d’un côté de l’Atlantique, la galanterie fleurit plus que de l’autre, sans prétendre critiquer l’un ou l’autre rivage.
Mais s’interrompant :
— Vous le remarquez, nous perdons du temps, ce que les Américains n’aiment pas à faire. Si vous le voulez, vous allez m’accompagner dans mon parloir privé, je ferai apporter le manteau que vous souhaitez voir, et vous me direz, à moi, ce que vous avez découvert… Là-bas, il y avait trop de monde. Et puis, ces chères belles n’auraient point su garder le secret.
Et, précédant Dick dans le vestibule :
— Ah çà ! cette pauvre Edith s’est endormie en m’attendant, car sans cela elle m’aurait déjà jointe.
L’escalier de marbre à la rampe ouvragée, où une mosaïque merveilleuse, figurant une cérémonie antique, simulait un tapis-chemin, fut gravi lentement. La charmante femme répétait :
— Pauvre Edith. Je la fatigue trop. Jamais elle n’a dormi ainsi. Elle ne se pardonnera pas ce manquement à son service.
Et, riant gentiment :