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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

en fût ainsi, qu’il démontre sa satisfaction par cette liberté relative.

— Ceci est blessant, grommelle Sara incapable de désarmer sa haine.

Lucien lui serre doucement le bras :

— Je ne trouve pas, ma chère petite duchesse.

— Comment, tu ne… !

Il se penche vers elle, puis murmure à son oreille, et si bas qu’elle l’entend à peine :

— Cette confiance du misérable me permettra de mener à bien le petit tour que je lui réserve.

Elle le regarde, curieuse, mais il secoue la tête :

— Non, non… tu sauras tout plus tard… Je t’en prie, laisse-moi porter seul le poids de mon secret.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Trois Jours après, Dodekhan, la main gauche enveloppée de bandages, mais un rayonnement divin dans les yeux, Lucien, le sourire aux lèvres, accompagnaient la duchesse et Mona jusqu’à la limite du parc.

Un palanquin aux rideaux azurés les y attendait, entouré par huit porteurs au visage bronzé.

Pas un gardien, pas un surveillant ne se montrait.

Log faisait bien les choses.

La veille au soir, il avait appelé le duc auprès de lui.

— Monsieur le Duc, lui dit-il, l’Oxus, steamer français de la Compagnie des Messageries maritimes, quittera Calcutta à destination de Marseille, sous cinq jours. Si vos compagnes souhaitent prendre passage à son bord, demain, à sept heures, un palanquin sera à leur disposition à la porte de la propriété. Et le jeune homme n’ayant pu réprimer un léger sursaut :

— Ce départ vous semble-t-il hâtif ?

Ses yeux sanguinolents fouillaient le visage de son interlocuteur ; mais Lucien se prit à rire et de l’air le plus naturel :

— Pardonnez-moi… Mais depuis trois fois vingt-quatre heures, je n’ai plus de soucis ; je me suis mis avec ma femme à bavarder, une charmante habitude retrouvée… J’avais totalement perdu de vue le Drapeau Bleu et ses complications. Si bien qu’en vous écoutant, j’ai eu l’impression que vous interrompiez mon voyage de noces.

Sur ce les deux hommes s’étaient séparés.