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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Ne craignez rien. Ce n’est point la volonté de cette fillette qui doit plier… C’est celle de qui l’aime.

Et donnant carrière à un rire d’une ironie insultante :

— Et elle pliera, je vous l’affirme… Vous resterez ici. Il faut que vous puissiez vous contempler avant l’heure que j’ai fixée pour…

Il trancha la phrase commencée et sa face exprimant une terrible gaieté :

— Ce soir, alors que la lune aura atteint le plus haut point de sa course, alors vous serez conduits dans l’endroit choisi pour les confidences de Dodekhan, ou pour la fin de celle qui l’a conduit ici… Triste fin… douloureuse et lente… une existence de souffrances, une éternité d’agonie.

Puis il exhala un ricanement inquiétant comme le rauquement d’un fauve en chasse, et frappant le crâne de San de sa main valide :

— Laissons ces esclaves des amollissantes tendresses, mon vieux San.

Et droit sur sa planchette, triomphal d’allure comme le guerrier élevé sur le pavois, il fut emporté par son serviteur San, moteur volontaire et soumis de l’esprit de haine enfermé en ce lambeau d’homme.