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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Parfait ! Moi, j’ai résolu de vous expulser automatiquement.

— Automatiquement ?

L’adverbe fit tressaillir les captifs.

— Comme je le dis, ricana le métis. Vous connaissez cet appareil nommé extincteur, tue-feu, mata-fuegos. Un cylindre de métal contenant un liquide saturé de gaz irrespirable, impropre à la combustion ?

— Tout le monde le connaît.

— Bon. Entendez-moi donc bien. Près de chacune de vos fenêtres, un sick se tient avec les mata-fuegos déposés par l’administration pour le service de la prison en cas de commencement d’incendie. À mon signal, ils les mettront en action, remplissant les cellules de gaz délétères.

Cette fois, les prisonniers pâlirent. L’idée leur apparaissait diabolique. Il allait falloir fuir, ou consentir à périr par asphyxie.

— Consentez-vous à vous éloigner de bonne volonté ?

— Non !

Jusqu’au bout, le Maître du Drapeau Bleu lutterait… pour le salut de Mona ! Mais sa voix résonnait encore qu’un coup de sifflet strident retentit.

Aussitôt, comme à un signal attendu, les fenêtres furent poussées du dehors, et avec le bruissement d’un jet d’eau projeté avec force, des tourbillons de poussière liquide emplirent les cellules.

En un instant, l’étroit espace fut envahi par le brouillard irrespirable. Dodekhan, Lucien durent entraîner leurs compagnes au dehors. Là, d’autres sicks attendaient, armés de mata-fuegos qu’ils pointèrent sur eux.

Et fuyant le jet délétère, les captifs s’élancèrent à travers le parc, atteignirent une porte ménagée dans la clôture et se trouvèrent dehors.

Ils entendirent derrière eux un bruit de ferraille. On fermait à double tour, les verrous sonnaient contre les gâches. Lydias prenait toutes précautions utiles pour empêcher la rentrée de captifs si péniblement expulsés.

Vainqueur maintenant, il s’épongea le front, lança vers le ciel un regard triomphant, comme pour dire au Créateur hindou :

— Et moi aussi, ma volonté s’accomplit !