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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

prisonniers, il s’élança en avant avec une impétuosité trop grande sans doute pour le sentiment d’équilibre que lui avaient laissé les « stomachiques », car il s’allongea violemment sur le sol. Des Sicks accoururent le remirent sur pied.

Avec une dignité bachique admirable, il les salua de la main :

— Merci, garçons… Je suis généralement très solide sur mes jambes… mais ce maudit verglas déconcerte les perpendiculaires les mieux assises.

Les soldats s’éloignèrent discrètement, tandis qu’il reprenait sa marche vers la casemate.

Cette fois, il y arrive sans accident. Il entre et il a un cri de stupeur.

— Comment ? vous n’êtes pas partis !

Non, les prisonniers sont là, paisibles, souriants.

— Pourquoi partir, puisque nous voulons être interrogés ?

Alors la colère prit le dessus chez l’infortuné fonctionnaire.

Cela dépassait la mesure, à la fin… Évidemment ces prisonniers avaient juré sa mort… Comment expliquer autrement qu’ils refusassent la liberté ?

Ah ! ils s’entêtent à ne pas partir… Eh bien, il les forcera, à s’évader.

C’était bien la première fois qu’un geôlier devait opérer semblable manœuvre, mais lui, Lydias, se montrerait à la hauteur de tous les imprévus. On verrait qu’il n’était pas un geôlier ordinaire.

Sur ce, il s’élança hors de la prison en proférant de terribles menaces.

Lui parti, les captifs se regardèrent.

— Que va-t-il faire ? demandèrent les jeunes femmes.

— Quoi qu’il fasse, il faut rester. L’acharnement que l’on met à nous renvoyer, démontre quels dangers nous attendent au dehors.

Ils n’eurent pas le loisir de se concerter davantage, Lydias reparaissait :

— Vous avez réfléchi ? fit-il rudement.

— Parfaitement, répliqua Dodekhan.

— Et le résultat de vos réflexions ?

— Nous restons ici.

Le fonctionnaire eut un sourire narquois dont tous se sentirent péniblement intrigués.