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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Mais l’Hindou arrêta le mouvement :

— Ialgi ne demande pas le secours de celui qui possède. Il apporte les ordres du Maître puissant qui le nourrit en échange de son obéissance.

— De quel maître parles-tu donc, toi qui te donnes le nom saint d’Ialgi (une des appellations de Siva) ?

— De celui auquel toi-même es soumis : du Maître du Drapeau Bleu.

Lydias tressaillit.

— Lui ?

— Oui… Lui, auquel Brahmes, Fakirs, Thugs, associations musulmanes, ont fait le serment d’obéissance ; celui auquel toi-même es attaché par le serment des Fils du Saphyr, qui t’ont reçu parmi eux et dont l’influence mystérieuse t’a poussé au poste que tu occupes.

Le métis s’inclina très bas et d’un ton humble et soumis :

— Ma mémoire est fidèle. Elle n’a rien oublié. Ce sont donc les Fils du Saphyr qui t’envoient vers moi ?

— Eux, oui, mais sur l’ordre du Drapeau Bleu aux signes jaunes du vieux Thibet.

— Parle. J’écoute. J’obéis.

L’indigène approuva de la tête, puis lentement, comme pour mieux faire pénétrer ses paroles dans l’esprit de son interlocuteur, il poursuivit :

— Quatre prisonniers ont été incarcérés aujourd’hui dans la prison que tu diriges.

— Ah ! ils savent cela déjà ?… C’est exact, du reste… Quatre prisonniers.

— Deux hommes, deux femmes. Tu les as enfermés dans la casemate de Glackester. Cinquante sicks les gardent. Ils sont commandés par un de ces mangeurs de porcs venus d’Angleterre, le lieutenant Bulwer.

Lydias ne marqua aucune surprise. Sans doute il était fixé sur les moyens d’investigation des sociétés secrètes de l’Inde. Il se borna à reconnaître du geste l’exactitude de son étrange interlocuteur.

— Les sicks ne signifient rien, reprit ce dernier ; ils sont prévenus, ils obéiront comme toi, comme moi.

— Ah ! murmura le directeur.

— Le lieutenant Bulwer seul peut s’opposer aux projets du Maître. Il faudra l’éloigner ou le mettre hors d’état de voir.

— De voir quoi ?

— Les prisonniers s’enfuir !