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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Les pirates malais, très bien, mais nous ne sommes pas des pirates malais.

— Encore une proposition évidente, souligna le duc s’efforçant de sourire.

L’approbation du reste fit trépigner la nerveuse Parisienne.

— Je ne vous demande pas d’approuver tout ce que je dis, mais de raisonner. Par suite de quelle aberration d’esprit, ces Anglais, ces marins d’une nation amie, cordiale, nous bombardent-ils comme des pirates malais ?

Les assistants se turent et pour cause.

Chacun se sentait capable de formuler la question, mais la réponse, elle ne se présentait à l’esprit de personne.

Ce qu’il y avait de certain, c’est que le vaisseau de l’Oriental Peninsular avait tiré à boulet sur le Maharatsu, et qu’à cette heure, il continuait à fuir à toute hélice.

Le visage de Dodekhan s’était assombri. Évidemment le jeune homme était en proie à une profonde préoccupation.

— Tiens, remarqua Lucien qui suivait tous ses mouvements, vous reprenez la route au maximum de vitesse !

— Oui.

— Pourquoi cette hâte qui, ainsi que vous me l’avez expliqué, fatigue toujours les organes de la machine ?

Le Turkmène baissa la voix pour répliquer :

— Je veux gagner au plus vite les eaux européennes… Il y a danger pour nous dans ces mers asiatiques.

— Quoi ! vous supposez ?…

— Je ne suppose rien… Je ne suis en état de rien affirmer… Pourtant il me semble que notre vaisseau est signalé comme un bâtiment à craindre… Signalé par qui ?… À propos de quoi ?… Questions qu’enveloppe un brouillard… Toutefois nous avons des ennemis puissants, ne reculant devant aucun moyen… Dès lors, raisonnons comme si la chose émanait d’eux… Je ne devine pas leur but, mais je suis certain que notre arrivée en Europe, hors de leur atteinte, les mécontentera fort… C’est donc à cela que doivent tendre toutes nos actions… Voilà pourquoi je développe toute la vitesse de marche.

La nuit vint.