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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Nous allons nous munir de branches, que nous enflammerons le moment venu… Le mâle peut être aveuglé tout comme la femelle.

Il n’a pas achevé que ses compagnons se sont jetés dans l’angle où s’amoncelle la provision de bois. Chacun choisit une ou deux branches propres à remplir le rôle de lances à feu.

Le Maître du Drapeau Bleu s’arme comme les autres, puis doucement :

— Maintenant, les panthères en avant pour éclairer la route… puis Joyeux, Sourire, M. de la Roche-Sonnaille et moi.

Tous s’engagent en rampant dans le couloir, précédés par Fred et par Zizi, qui n’ont fait aucune difficulté pour accepter leur rôle d’éclaireurs.

Les chuchotements joyeux des gamins apprennent aux jeunes gens, qui ferment la marche, que les suppositions de Dodekhan sont fondées.

La tigresse en cherchant à rejoindre son petit a travaillé pour eux.

Certes, le conduit est étroit ; ils ont besoin de se comprimer pour passer ; mais ils progressent, ils avancent, ils s’éloignent de la cavité où ils ont pensé trouver un tombeau.

Et le boyau dans lequel ils rampent devient une galerie basse, où ils peuvent marcher en se courbant.

Ce couloir a une pente raide. Pour la gravir, il faut parfois se déplacer sur les mains et sur les genoux.

C’est une véritable glissade naturelle, établie sous un angle d’au moins 45°. On croirait volontiers circuler sur un de ces plans inclinés que dressent les ingénieurs des mines entre deux étages de galeries d’extraction.

Enfin cette fissure inclinée débouche dans un corridor plan. La voûte ici se bossue de pointes de stalactites à plus de quatre mètres du sol.

— Halte ! commande Dodekhan en rejoignant ses compagnons.

Tous s’arrêtent. Ils se sont rapprochés, interrogeant du regard le Maître du Drapeau Bleu. Et celui-ci explique :

— Nous devons craindre la rencontre du tigre.

C’est vrai. Tout à la joie de faire du chemin dans ce dédale souterrain, tous ont oublié le danger possible qui les attend peut-être dans le fond d’ombre qui arrête leur vue.