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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

nuit et je me suis faufilé avec les bonnes bêtes… Il était temps, car à présent on illumine.

Et comme toutes, saisies, se taisaient, le gamin rouvrit la porte et appela doucement :

— Fred ! Zizi !

Aussitôt, les panthères, aplaties sur le sol, leurs corps noirs comme allongés par cette attitude, pénétrèrent dans la cellule et vinrent se rouler calmement aux pieds de miss Sourire tout attendrie.

— Hein ! remarqua Joyeux avec fierté. Sont-elles prudentes ! Je leur ai dit que nous étions sur le sentier de la guerre, cela a suffi. C’est elles qui m’ont conduit à travers les tentes des Pavillons. Noirs.

— Elles pourraient recommencer ? murmura la duchesse avec un soudain espoir. Le petit secoua la tête :

— Oh ! plus maintenant… Trop de lumière. Nous avons saisi le moment propice… Deux minutes plus tard, nous étions pincés.

Sara demeura muette. À quoi bon insister. La fée Électricité inondait le plateau de ses rayonnements. La seule satisfaction permise à la prisonnière était de se déclarer que la dite fée se conduisait, en la circonstance, comme une abominable sorcière.

Le grelottement du carillon du temple fit sursauter les assistants.

— Pourquoi cette sonnerie ?

— Sans doute des bonzes désirent sortir, fit à voix basse miss Sourire. C’est le signal convenu avec Log.

— Ah oui ! c’est vrai !

— Les voici.

Mona a jeté ces deux mots.

Le front appuyé au volet à lamelles, elle regarde dans la cour.

Instinctivement tous se rapprochent d’elle, et fixent également le point qu’elle désigne. Il fait clair comme en plein jour.

Le supérieur des bonzes est là, avec deux de ses prêtres, drapés dans le manteau gris et jaune, la pointe allongée de la cagoule retombant sur leur dos.

— Oui, dit le premier, le seigneur Log, que Tao-Ssé lui soit favorable ! va vous donner le sauf-conduit.

Et comme ils s’inclinent gravement :

— En l’attendant, attelez les bêtes aux barils sa-