d’un ami, c’est lire en un cœur fermé ou à peine entr’ouvert.
Et avec un petit rire :
— Ah ! quand je maudissais, au Lycée, les professeurs qui me forçaient à apprendre par cœur ces choses ennuyeuses, je ne me doutais pas du plaisir que j’aurais un jour à les appliquer.
Elle se penchait sur le complice de Log. Elle explorait les poches de sa blouse de chasse… Soudain, elle eut un léger cri.
— Qu’est-ce ? interrogèrent les jeunes filles.
— Vos actes de mariage, mesdemoiselles, avec le timbre des consulats de Russie et du Japon.
Elles devinrent toutes pâles.
— Quel est le premier ? firent-elles d’une voix éteinte.
— Aucun.
— Comment ?
— Ils portent même date religieuse, même date consulaire… Les déclarations de cet homme, de son maître Log, pourront seules faire que l’un de ces papiers soit valable de préférence à l’autre.
Toutes deux avaient baissé les yeux.
— Mais, balbutia enfin Lotus-Nacré, s’il reconnaît que nous agissons contre lui, il nous punira par ces actes…
Mais Sara l’interrompit :
— Eh ! non, ma pauvre amie… Machiavel me permet encore de vous répondre, par ces mots simples et profonds : On doit surveiller ses amis et acheter ses adversaires.
— C’est-à-dire ?
— C’est-à-dire que vous avez tout avantage à être parmi ses ennemis.
Lotus-Nacré comprit. Sa main fine se tendit vers celle de Mona, et elles échangèrent un shake-hand cordial, le premier depuis qu’elles s’étaient reconnues rivales.
— Alliées ?
— Alliées.
— Eh ! les Bouddahs des pagodes décideront.
— Oui, Lotus-Nacré, le ciel décidera.
Sara se dirigeait vers la porte accédant à l’entrée de la maison. Elles la suivirent, parvinrent avec elle dans l’antichambre. Mais le vantail ouvrant sur la rue était clos… la serrure veuve de sa clef.