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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Hein ? Quoi ? murmura la jolie Nippone, un rayon de joie dans les prunelles.

— Allez vous préparer… Vous direz cela à votre père, vous le prierez d’en aviser l’auguste Impératrice du Japon, dont je suis le serviteur dévoué…

— Non, là, vraiment, je suis la femme…

— De Dodekhan, la seule réelle, oui… Mais il fallait tromper la Russie, pour éviter de grands malheurs. Donc, pas un mot à votre jeune amie Mona.

Un rire silencieux passa sur les traits ambrés de la gentille créature.

— Ma rivale… Non, non, je ne parlerai pas, je rirai au fond de moi-même, voilà tout.

— C’est cela…! Que nul ne soupçonne mon alliance absolue avec vous, avec les Souverains de l’Empire du Soleil Levant… Sur ce, allez vous préparer… Le comte Ashaki vous attend près d’ici.

Joyeux avait échangé un regard avec Sourire.

— Le Japon à présent… Voilà que les Masques d’Ambre, le Drapeau Bleu et le Japon marchent ensemble.

— Qu’importe… Ce qui me peine, moi, répliqua la fillette, c’est la douleur de la blonde Mona… Comme elle sera malheureuse !

Légère, touchant à peine le sol de ses pieds délicats, Lotus-Nacré s’était précipitée dans la caverne. Une minute, le Seigneur Log resta immobile, la tête penchée en avant, puis le bruit des pas de la charmante créature s’étant éteint, il eut une crispation ironique de la physionomie et s’approcha de Mona. Elle ne le vit pas.

Elle regardait en elle, elle assistait figée, à l’écroulement du rêve de son âme.

Ah ! Log avait bien lu en elle ! Depuis cette aventure qu’elle rappelait naguère dans les jardins de La Haye, pas un jour ne s’était écoulé sans que sa pensée se complût à évoquer le souvenir de Dodekhan.

C’est qu’aussi elle l’avait rencontré dans des circonstances inoubliables.

À cette époque, le général Stanislas Labianov était gouverneur de l’île de Sakhaline et de ses pénitenciers.

Or, un jour, un des forçats se présenta devant lui