Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XX

Où l’aigle gravit le calvaire


Depuis trois jours l’Empereur résidait au palais de Fontainebleau. La ville, les environs regorgeaient de troupes, et toujours il en arrivait de nouvelles, attirées là par l’appel suprême de Napoléon.

Dans la cour d’honneur, dans le parc, la garde campait, et près d’elle un groupe de cinquante paysans, bien armés, avait établi son bivac.

C’étaient les partisans commandés par Tercelin et l’abbé Vaneur. Parvenus à Fontainebleau, ceux-ci s’étaient recommandés du nom d’Espérat, et l’Empereur, touché du dévouement inébranlable de ces vaillants, à l’heure où il se sentait abandonné par les hommes que son amitié avait naguère gorgés de richesses, s’était empressé de leur ouvrir l’enceinte de la résidence impériale.

Il avait tenu même à inspecter la bande héroïque de l’Argonne. Ses mains avaient pressé les mains calleuses, et les voix rauques des paysans, de ces enfants du peuple, jadis combattants républicains de Valmy, toujours patriotes, avaient acclamé le souverain, en qui désormais s’incarnait la France.

Puis, avec une activité fiévreuse, Napoléon s’était remis au travail, préparant le suprême choc, la dernière hécatombe, grâce à laquelle il espérait sauver la patrie.

Or, vers cinq heures du soir, le 2 avril, un cavalier dont la monture ruisselait de sueur franchit la grille, stoppa devant la façade édifiée par François Ier, et jetant les rênes à un laquais qui s’était précipité à sa rencontre :

— Message de M. de Caulaincourt. Où est Sa Majesté ?

— Sa Majesté est enfermée dans ses appartements avec M. le général Berthier et M. le duc de Bassano.