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— Amis, pour me porter en terre
Quatre buveurs impénitents.
Aux nez rougis par Eleuthère
Bacchus, de leurs pas chancelants
BaccBerceront ma dépouille.


Comme bouquets, comme couronnes.
Ayez de jolis raisins d’Août.
Comme psaumes, d’amples bonbonnes
De vin, afin que leur glouglou
BaccEncore me chatouille.

— C’est lui, fit Espérat.

— Je le crois, appuya le pitre… Comment est-il ici ?

— Le moyen de le savoir…

— Est de le lui demander… Allons-y.

Le bruit partait d’une maison située à gauche de la rue. Les voyageurs se dirigèrent de ce côté, guidés par l’organe du chanteur, qui avait repris le refrain à tue-tête.

Si le personnage était adorateur de la treille, à coup sûr il ignorait la défiance, car la porte de la chaumière était entrouverte. Poussant le battant, les jeunes gens entrèrent. Et ils demeurèrent stupéfaits en face de l’étrange spectacle qui s’offrait à leurs yeux.

Dans une petite chambre de paysan, avec sa grande cheminée de plâtre, son alcôve fermée par des rideaux de serge, Ivan Platzov — les voyageurs ne s’étaient pas trompés, — se vautrait au fond d’un vieux fauteuil de cuir.

Près de lui une table grossière ; et sur ce support, un tonneau, calé par des assiettes, la cannelle s’allongeant, telle une gargouille bachique, au-dessus d’un verre énorme que serraient les doigts de l’ivrogne.