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— Ah ! s’écrie le gamin, tue-moi, mais écoute d’abord.

Non, le soldat n’écoutera pas, sa consigne est inflexible.

Une dernière tentative.

— Je voudrais parler au colonel Kozynski, supplie le prisonnier.

— Impossible. Les ordres sont formels. Si je les enfreignais, je serais déféré au conseil de guerre.

Et d’une voix assourdie :

— Tais-toi, je suis déjà en faute de l’avoir entendu si longtemps. Tais-toi, ou tu m’obligeras à tirer.

Et il s’éloigne, continuant sa promenade devant le soupirail aux grilles duquel s’appuient les visages livides des prisonniers.

Ah ! les précautions du gouverneur sont bien prises. Son étroite probité commerciale, qu’il n’a pu hausser jusqu’au dévouement patriotique, aura satisfaction.

Les messagers de Napoléon sont bien réduits au silence. La signature de Moreau ne sera pas protestée ; mais Soissons sera rendu, et l’Empire, la Nation, indissolublement unis par la défaite, s’effondreront sous les coups de l’Europe.