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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Il piétinait, hurlait, cherchant à couvrir la voix mystérieuse.

Mais des lambeaux de phrases arrivaient aux spectateurs proclamant l’innocence de François.

Elle a simulé la folie. Vous serez seul à savoir… Seul ! J’empoisonne à jamais votre existence. Tout est payé !

— Ce n’est pas vrai ! ce n’est pas vrai !

L’espion s’arrêta court. L’ingénieur venait de prononcer :

— Un phonographe, Sire, un simple phonographe qui a enregistré mon dernier entretien avec M. le comte de Kremern.

Un rugissement couvrit la fin de la phrase. Von Karch gronde, sa fureur atteignant la démence en apprenant qu’il a été joué, qu’un appareil mécanique a enregistré ses aveux, qu’il les répétera aux juges, au public.

Ah ! le briser, détruire cette preuve : mais où est-elle ? Où est ce porte-voix maudit ?

Il s’affole, un voile rouge est sur ses yeux. Soudain, il bondit comme un insensé. Il arrache le revolver attaché au ceinturon d’un des matelots qui ont suivi les officiers.

Il tend le bras armé vers Édith, grimaçant, horrible, effrayant, il hurle :

— Tu pleureras au moins ta fiancée !

Deux détonations éclatent coup sur coup. Un double cri d’agonie y répond : Margarèthe, qui s’est précipitée au-devant d’Édith ; l’espion, qui a tourné l’arme contre lui-même, s’abattent sur le sol avec un double râle.

Et tandis que Margarèthe expirante, murmure dans un suprême soupir à Péterpaul agenouillé auprès d’elle :

— Je meurs heureuse… pour elle, pour vous !

L’Empereur qui s’est dressé, blêmi par la brutalité du crime accompli, fait un pas vers François, qui dans ses bras crispés étreint Édith, sa fiancée définitivement reconquise, et d’une voix où frissonne l’émotion, il dit :

— Monsieur François de l’Étoile, l’Empereur se sent solidaire des crimes de ses sujets. L’Empereur apportera en personne son témoignage à votre réhabilitation.




FIN