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LE LIT DE DIAMANTS.

François saisit le bras d’Édith. Il l’entraîne, répétant d’une voix haletante :

— Pressons-nous. Il s’agit d’atteindre l’aéroplane avant les Indiens. C’est une course dont la vie ou la mort est l’enjeu. Pressons-nous !

Mais ils atteignent à peine au tiers de la pente, quand le bourdonnement caractéristique de l’engin vibre au-dessus de leurs têtes. Klausse, esclave de la consigne, vient de provoquer l’ascension du navire aérien.

Les Indiens sont donc là-haut, autour du Cenote. Ils vont dévaler le long des parois. François n’a délivré ceux qu’il aime que pour périr avec eux.

Certes, son radiateur hertzien fera des victimes. Hécatombe inutile. Les ennemis sont nombreux. Les fusils auront le temps de cracher la mort.

Et déjà tout en haut, faisant saillir de l’ombre la crête du gouffre, des lueurs rougeâtres paraissent.

Les ennemis ont allumé des torches. Ils se préparent à explorer l’abîme. À ce moment, Margarèthe murmure :

— Le canot, le canot ; plutôt le dédale souterrain que les Mayas ! Suivez-moi !

Tous ont compris. Déjà ils descendent vers le niveau de l’eau. Peut-être, à un autre instant, hésiteraient-ils. Mais les périls de la nuit souterraine sont voilés par un danger plus immédiat.

Tous gagnent le canot, embarquent. Les amarres sont coupées, le courant entraîne l’embarcation, qui a disparu quand les Indiens arrivent au fond du gouffre.

Ils y découvrent les cadavres des complices de Von Karch.

Pour eux, ce sont là les profanateurs dont la présence a été signalée au cacique. Et comme ils ne peuvent expliquer leur mort, ils pensent que les dieux oubliés, les Pah-Ah-Tun, les ont punis de leur sacrilège.

Dès lors, ils retournent au village d’Errinac en chantant des mélopées antiques, en l’honneur des dieux qui ont su faire justice.

Maintenant, tout au fond du Cenote, l’espion, ayant auprès de lui Tril, tremble à l’idée que les Indiens vont venir.

Mais les heures passent. Il se rassure peu à peu. Il songe que le capitaine du yacht Fraulein a reçu ses ordres. La lagune de Progreso sera gardée ; les fugitifs, s’ils réussissent à sortir du labyrinthe aquatique du sous-sol, seront pris à la côte. Au pis aller, le souterrain gardera ceux qui s’y sont imprudemment engagés !

Et le désir d’arriver à Progreso, d’être là quand la partie suprême va se jouer, le galvanise.