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LE LIT DE DIAMANTS.

Voici Stolz, voici Metzger, voici Ramberg et Otto, et Frantz, et Guerberwill… et Siemens !

L’herculéen séide de l’espion est là, désormais inoffensif. Il est mort, mort comme les autres.

Tril, qui maintenant sent grandir en lui la joie des vengeances assouvies, désigne le front du géant :

— Voyez !

Au-dessus du sourcil, le front est percé d’un petit trou occupant le centre d’un disque noirâtre.

— Une brûlure, balbutie Von Karch.

Et soudain, il a un cri de rage furieuse :

— Miss Veuve !

Le souvenir du radiateur d’ondes hertziennes vient d’éblouir sa pensée. La brûlure est caractéristique. C’est l’étincelle électrique qui a frappé le crâne de Siemens.

— Mais alors les Anglais ? Margarèthe ?

Comme un insensé, Von Karch bondit en avant. Il arrive à la plate-forme rocheuse. Elle est déserte. Les captifs ont disparu.

Tril a peine à cacher sa joie. Plus de bandits, François ayant reconquis tous ceux qu’il aime, on va jouer la partie suprême qui rendra l’honneur à l’aviateur.

Au surplus, l’Allemand ne songe guère à observer. En proie à une rage furieuse, il piétine, il invective l’invisible ennemi qui a rendu illusoire toutes ses précautions. Dans son désarroi, une idée se condense :

— Les Mayas, appelés par lui, vont arriver. Il ne faut pas les attendre. Vivre d’abord pour lutter encore.

Et quittant la place, il remonte la pente, entraînant l’Américain à sa suite.

— Au canot !

Le canot les mettra hors de l’atteinte des Mayas, et puis il est bondé de diamants ! Le nerf de la guerre, parbleu ! Avec des pierres précieuses, des millions, on n’est jamais vaincu.

La réflexion jette une clarté dans l’obscurité où se débat le terrible jouteur.

Voici le point d’où se détache le raidillon accédant à l’amarrage de l’embarcation. Tous deux dévalent la pente, faisant rouler les pierrailles sous leurs pieds. Ils discernent le murmure paisible de l’eau. Des rides de la surface du fleuve souterrain renvoient en étincelles les rayons de la lanterne électrique.