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LE LIT DE DIAMANTS.

— Celui-ci m’a l’air d’un doyen de la forêt, murmura l’Américain, il doit dépasser les autres, ce que je désire. Allons hop !

Le hop ! bruissait encore que déjà Tril s’aidant des lianes, des branchages, se hissait le long du tronc séculaire.

À hauteur des premiers feuillages, l’ascension devenait plus aisée, et bientôt le gamin se trouva à plus de cinquante mètres de terre, accroché à l’une des plus hautes branches, laquelle pointait droit vers le ciel.

Une brise légère voletant au-dessus de la forêt agitait doucement les cimes, imprimant au support du jeune garçon un balancement moelleux.

— Une vraie partie d’escarpolette, fit-il avec un petit rire.

Au-dessus de sa tête, il apercevait le ciel noir, poudré d’étoiles ; au-dessous, la terre plongée dans les ténèbres apparaissait comme un gouffre.

Avec des précautions infinies, il ramena à lui, en évitant de le briser, un des derniers rameaux pointant vers la voûte céleste ; à son extrémité, il attache un objet peu volumineux tiré de sa poche, puis maintenant toujours la branche repliée, il chuchota gaiement :

— Que la lumière soit !

Une clarté s’alluma aussitôt. L’objet fixé au bout du rameau était une petite lampe électrique écarlate, rivée à un minuscule accumulateur.

— Cela ne saurait être aperçu d’en bas, reprit-il, avec ces feuillages touffus. Et d’en haut, c’est tout le contraire. All right ! On saura où nous a conduits la rivière souterraine.

Mais pensif :

— Cela ne suffit pas ! Von Karch m’a l’air de vouloir quitter cet endroit enchanteur, demain dans la nuit.

Des mouvements prestes, que la clarté rubescente soulignait bizarrement, et Tril tient un carnet ; sur une feuille, il écrit quelques lignes, l’arrache, la fixe à l’ampoule électrique, puis cessant de maintenir la branche, laquelle reprend aussitôt sa position naturelle, il pousse un soupir satisfait.

— Maintenant que j’ai appelé au secours, rentrons. Mon cher patron Von Karch s’étonnerait de mon amour pour la promenade nocturne.

Il était à peine à mi-hauteur de l’arbre que les feuillages lui masquaient complètement l’ampoule rouge, fanal destiné à signaler aux passagers de l’aéroplane le repaire des bandits.

Le voici à terre. Il rejoint la sente. Le pylone se dessine à ses yeux. Il va rentrer dans le temple.

À ce moment, un pinceau de lumière jaillit du corridor souterrain, le frappant en plein visage. Il s’arrête, ébloui par la transition soudaine de