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LE LIT DE DIAMANTS.

diamantifères. Les Mayas coquettes avaient découvert la beauté des « Pierres de Soleil », comme elles les appelaient.

Mais le luxe entraîne toujours l’avilissement des caractères. Les crimes devinrent fréquents. Auparavant, chez les Mayas, on tuait par jalousie, par haine, par vengeance ; on se mit à tuer pour voler.

Alors les prêtres et les chefs se réunirent pour arrêter les moyens de mettre un terme au mal. Ils décidèrent que les Pierres de Soleil seraient rendues à la terre, car les dieux, dirent-ils, punissaient les hommes de les avoir enlevées aux rochers.

Tous les joyaux de la contrée furent confisqués, réunis dans ce temple. Or, il ne suffisait pas qu’ils fussent ici. Il fallait les enfouir en une cachette que les larrons ne passent jamais découvrir.

Et voilà ce qu’imaginèrent les adversaires d’un luxe criminel.

À deux cents mètres au nord du Grand Cenote, sur les bords duquel nous nous sommes rencontrés tout à l’heure, existe une autre cavité, étroite, abrupte, au fond de laquelle un torrent bondit, écume contre les parois et s’engouffre dans une galerie étroite avec des grondements d’orage.

À cette époque, une sorte de corniche courait le long de ce couloir, aboutissant vingt pas plus loin à une excavation dont le sol surplombent les eaux. Ce fut la cachette choisie. De nuit, les prêtres y portèrent les pierres précieuses. Quand elles y furent entassées, la corniche fut détruite, et toute communication disparut entre le puits et le gîte du trésor. Vous verrez comment j’ai réussi à en rétablir une.

Pris par la fièvre de la richesse, Tiral, tout en narrant la légende, soulevait les couvercles des coffrets rangés auprès du premier.

Chaque fois, c’était un scintillement aveuglent de gemmes.

De cet amoncellement de diamants montait une griserie. Le cerveau des assistants en supputait la valeur approximative, en phrase où les millions se heurtaient comme les grêlons crépitant sur les vitres durant l’orage. Ils sentaient l’emprise de la richesse colossale, fabuleuse.

— Et c’est le hasard qui vous a fait découvrir cela ? prononça Von Karch d’une voix hésitante.

— Non, un chef Maya, détenteur du secret, me le confia. J’avais pu lui sauver la vie. Il m’était reconnaissant. Lui-même m’apprit comment, de loin en loin, les caciques ou chefs parvenaient à s’assurer que le précieux dépôt était toujours intact ; mais persuadé que l’enlèvement d’une seule Pierre de Soleil entraînerait mille calamités pour le pays, il ne permit pas