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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Enfin, l’on débouche dans une salle assez spacieuse. Ici, les peintures sont plus riches, plus fournies. Des ors, rougis par les temps, rappellent les splendeurs évanouies.

Au centre, sur le sol, où l’on peut reconnaître les restes d’un dallage mosaïque, se dresse un bloc rectangulaire de porphyre vert.

— Ma table, fait l’ex-comptable avec un fugitif sourire. Jadis ce devait être un autel.

Sur la surface polie, des bougies sont fichées.

— Liesel, appelle encore le brave homme.

Et elle, le regardant de ses grands yeux noirs, où se mêle le mystère de deux races, il dit d’un ton caressant :

— Dispose la table, ma jolie. Pendant cela, je vais montrer les résultats de notre travail à notre ami Von Karch.

Liesel incline la tête. Elle suit d’un regard pensif l’Allemand et Manuelito qui, obéissant à un signe de leur hôte, se glissent avec lui par une ouverture béante au mur et passent dans une salle voisine du temple abandonné.

Celle-ci est plus petite que la précédente. Des racines ont crevé la voûte, à l’intérieur de laquelle elles serpentent, ainsi que de monstrueux reptiles. Mais les visiteurs ne s’attardent pas à l’examen des lieux. Tiral, une rougeur aux pommettes, leur désigne des caissettes pareilles à celle que sa fille et lui viennent de transporter, et avec un accent impossible à rendre :

— Le trésor ! prononce-t-il.

Les trois syllabes résonnent sous la voûte. On dirait que des ricanements répondent du fond de l’ombre, que les divinités déchues protestent contre l’invasion des hommes.

Tiral, lui, soulève le couvercle d’une des boîtes, et Von Karch, Tril, jettent un cri d’admiration.

Des diamants scintillent sous leurs yeux, renvoyant en feux aveuglants la lumière de la lanterne, multipliée par d’innombrables facettes.

— Ce sont des diamants taillés !

Von Karch lance cette exclamation surprise. En effet, les pierres ne présentent point l’apparence si aisément reconnaissable des diamants bruts. Et Tiral rayonnant murmure :

— C’est précisément la caractéristique de mon trésor.

Il riait.

— Je ne veux pas vous intriguer. Tous ces bijoux parèrent jadis les jolies filles des tribus Mayas. La région où nous sommes est riche en roches