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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vous voulez ?

— Je veux regarder le ciel au fond duquel plane peut-être François.

Quelques instants plus tard toutes deux reparaissaient sur le pont. Von Karch, qui se trouva sur leur passage, s’étonna du rayonnement dont resplendissait le visage de la jeune Anglaise.

Elle le considéra. Dans ses yeux, il crut lire comme une ironie. Et, défiant par nature de tout ce qu’il ne comprenait pas, il demeura pensif, grommelant :

— Ah çà ! qu’a donc cette petite pécore ? Ma parole, on dirait qu’elle se moque de moi !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sur un monticule, qui affecte la forme régulière d’un tronc de cône, caché sous le fouillis des arbustes, buissons, lianes, formant une tunique verdoyante à l’éminence, le wagon de François stationne sur ses roues.

L’aéroplane ainsi transformé semble se reposer du raid qu’il vient d’accomplir. Il a traversé l’Atlantique. Quinze jours d’une convalescence, hâtée par le désir de voler au secours d’Édith, ont rendu à François assez de robustesse pour entreprendre le voyage.

On a piqué droit devant soi, à travers les airs, à une vitesse d’ouragan. On a rejoint le steamer Fraulein à la Havane ; c’est seulement quand celui-ci a repris sa route vers Mérida et le Yucatan mexicain, que l’aéroplane a gagné la côte américaine.

Il a passé invisible à grande hauteur au-dessus de la ville de Mérida, reliée à son port, Progreso, par une voie ferrée ; à quelques milles de la cité yucatèque, il a atterri sur l’une de ces buttes aux formes régulières qui bossuent la surface du pays.

François s’est aussitôt éloigné, se rendant au bureau de poste de Mérida pour s’emparer de la lettre aux initiales K. V. K. annoncée naguère par la dépêche de Brumsen.

Auprès du véhicule, Suzan cause avec Klausse, Joé et Ketty, qui forment pour le moment tout l’équipage du navire aérien. Vaniski et ses fillettes sont restés en Danemark à la ferme de Danerik. Tril a déclaré vouloir se promener aux environs et il a disparu.

— C’est égal, s’écrie Joé, quel drôle de pays. Tout y affecte une forme géométrique. Les monticules sont des troncs de cône.

— Tout naturel, riposte Suzan qui tient un livre à la main ; les savants disent ceci : Ces éminences furent élevées de main d’homme ; les anciens habitants du Yucatan, qui jouissaient d’une civilisation supérieure à celle des célèbres Aztèques, les dressaient pour servir de soubassement à leurs temples.