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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Alors, il faut partir de suite.

— Partir ? Avec l’appareil ?

— Et gagner Hambourg, pour reconnaître le navire, grâce auquel le bandit Von Karch pense nous échapper.

Klausse se pétrit le menton d’un air embarrassé.

— Diable ! diable ! Que dirait le patron si, en l’absence d’un ordre de lui…

Elle l’interrompit impérieusement :

— Il n’est pas en état d’en donner. Nous devons prendre les résolutions qu’il prendrait lui-même.

— Irait-il à Hambourg ?

— Soyez-en sûr. Rappelez-vous que c’est, grâce à la généreuse assistance de Lord Fairtime qu’il a pu, alors que l’univers le croyait mort, réaliser son rêve d’aviation, dans le secret de l’usine du Nord-Écosse. Souvenez-vous que Miss Édith est sa fiancée… Son bienfaiteur, sa fiancée sont prisonniers à bord du Fraulein. Comment nous jugerait notre blessé si, revenu à la conscience, nous lui déclarions ignorer où Von Karch a conduit ses victimes.

L’argument était sans réplique. Les interlocuteurs de la fillette ne résistèrent plus.

Et tandis que Suzan mettait au courant Joé et Ketty, auxquels elle donna mission de veiller sur le blessé durant son absence, Klausse s’enferma dans la remise où l’on avait abrité l’aéroplane redevenu wagon.

Il procédait à une vérification minutieuse des divers organes de l’appareil. Pour la première fois, il aurait toute la responsabilité de la conduite du navire aérien, et c’était là pour le mécanicien une émotion inattendue, faite d’anxiété et d’orgueil.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tril, avons-nous dit, s’était adossé au fût d’un lampadaire éclairant l’extrémité du môle de Schwieder, et, le revolver au poing, il attendait courageusement le choc de la foule ameutée contre lui.

Le gamin disposait encore de cinq cartouches. Cinq coups de feu, cinq projectiles seraient la suprême protestation du brave garçon succombant à la mauvaise fortune.

— Adieu, petite Suzan, murmura-t-il avec une infinie douceur.

Puis cette concession faite au sentiment, il se redressa, résolu à vendre chèrement sa vie.

Un incident retarda un moment la ruée furieuse des assaillants. D’un bateau de commerce, amarré à peu de distance, on avait sans doute aperçu le mouvement insolite se produisant sur le môle.