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L’AÉROPLANE-FANTÔME

« Sire, la plupart des organes de l’aéroplane, qui doit être expérimenté à Grossbeeren, ont été volés par le Service de Renseignements à l’inventeur français, François de l’Étoile, mort innocent, assassiné par l’accusation infâme dont vos espions l’ont enlacé. »

— Oh ! oh ! protestent les assistants.

Mais, d’un geste autoritaire, l’Impérial lecteur impose le silence, et il poursuit :

« Par bonheur, le secret de l’assemblage a échappé aux misérables. L’aéroplane allemand, capable d’attendre à peine 100 kilomètres à l’heure, est notablement inférieur à ce que l’on eût obtenu en France. Néanmoins, je crois de votre loyauté d’interdire cette glorification publique d’un cambriolage honteux. Je pense devoir vous avertir respectueusement qu’au cas où il vous paraîtrait impossible de faire droit à ma juste requête, l’aéroplane et son équipage sont condamnés à périr. »

— Et cela est signé ?

— Miss Veuve.

— Quoi, le terrible pseudonyme signataire de l’explosion d’Eissen. Celui dont le nom plane sur l’explosion de Paris ; dont les journaux ont publié l’étrange réquisitoire contre notre service d’espionnage ?

— Spécialement contre le baron Von Karch, murmura le prince héritier.

L’Empereur le regarda fixement :

— Dites toute votre pensée, mon fils, je vous le permets.

— Alors, répliqua le prince, j’estime que cet ennemi extraordinaire nous trouble, qu’il nous met en butte avec les pires difficultés, qu’il donne aux social-démocrates…

Et son père, durcissant son regard, le jeune homme insista :

— J’ai commencé, je dirai tout. Savez-vous ce qu’impriment les diables rouges ? Non, n’est-ce pas. On vous dissimule ces choses. Tandis que moi qui ne suis encore qu’un simple prince sans autorité, moi qui puis sortir, me promener, sans être sous l’œil protecteur de la police, j’entends, je vois, je lis.

— Et qu’entendez-vous ?

— Que l’Empereur tient plus à la vie d’un de ses espions qu’à la tranquillité de tout son peuple.

Le souverain grinça des dents, ses poings se crispèrent violemment. Cependant il parvint à prononcer d’un organe assez paisible :