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LE VOLEUR DE PENSÉE.

phrase énergique de Péterpaul, appuyée par l’apparence vigoureuse du jeune Anglais, avait déterminé Von Karch à la conciliation. Il s’était même éloigné du gentleman sportif, manifestant ainsi, sinon le courage du lion, du moins la prudence du serpent.

Et maintenant, il fulminait à voix basse contre l’instinct de domination de ces « maudits Anglais », qui se croient les maîtres du monde et qui méritent la leçon terrible qu’ils recevront un jour ou l’autre.

Marga s’impatientait… Elle regardait le vaste ovale (deux kilomètres de long sur un de large) dans lequel les aéroplanes allaient évoluer. Ses regards erraient, impatients, des barrières blanches limitant le champ, aux mâts indiquant les points de virage, l’un situé en face des tribunes, l’autre à l’extrémité opposée de la piste. Entre le premier de ces mâts et la tribune, une large raie blanche tracée sur le sol, marquait le départ et l’arrivée.

Les chronométreurs se trouvaient à leur poste. Et, à droite, en dehors du champ, près des casernes, s’alignaient les hangars démontables où les concurrents passaient la dernière inspection de leurs montures ailées.

— Ah ! murmura Édith comme malgré elle, pourvu qu’il soit vainqueur !

Mais un grand silence s’épandit soudain sur la foule.

L’un des hangars-garages s’était ouvert, et un aéroplane s’avançait roulant sur son châssis de lancement ; puis un bourdonnement, composé de mille chuchotements.

— Le no 13 Blériot.

— Oui, les monoplans commencent. Puis les biplans viendront à leur tour.

— Les biplans, genre Farman, Delagrange, Ferber, Wright.

— Et enfin le polyplan Loisin et de l’Étoile.

L’appareil qui provoquait l’attention passionnée du public, atteignait la ligne de départ.

Avec son envergure d’une quinzaine de mètres, il donnait l’impression d’un gigantesque cerf-volant posé sur le sol.

Le pilote s’installa dans la logette ménagée à son usage, au milieu de l’engin ; une détonation sèche retentit.

Le signal venait d’être donné.

Le Championnat du Monde commençait.

Dire ce que furent les épreuves, de quelle habileté firent montre les concurrents est inutile. Tout le monde sait le courage, la science des pilotes de l’air.

Quelques pannes, un ou deux atterrissages brutaux, heureusement sans accident de personnes, avaient porté à son paroxysme l’exaltation de l’assistance.