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CHAPITRE II

AUTOUR DE LA CHANCELLERIE ALLEMANDE


— Je te dis que le palet est sur la ligne !

— Non… Il frise, mais ne touche pas.

Et les causeurs, deux gamins dépenaillés, se mesuraient des yeux, fermaient les poings, comme s’ils allaient en venir aux mains.

Certes, la chose en valait la peine. Dans la rue Guillaume, la Wilhelmstrasse, la voie la plus aristocratique de Berlin, s’étendant de la place de Paris à la place de la Belle-Alliance, une « marelle » est tracée à la craie sur le trottoir.

Tout le monde connaît ce jeu populaire, où le joueur, en équilibre sur un seul pied, doit faire passer un palet de carré en carré, en évitant tout arrêt sur les lignes séparatives.

C’est un coup douteux qui va provoquer un pugilat.

Par bonheur, deux fillettes, attirées par les clameurs, s’arrêtent. L’une est petite et brune, l’autre plus grande, pâle et mince, a le front couronné de cheveux blonds. Chacune porte devant elle un baquet de bois où nagent, dans la graisse, des saucisses que les bourgeois allemands ont coutume de