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L’AÉROPLANE-FANTÔME

À ses dépens, le préfet devait apprendre que le point d’interrogation pourrait parfois se nommer plus justement : point d’obsession.

Durant les jours qui suivirent, il eut beau s’adonner à corps perdu à tous les devoirs de sa charge, subir un terrible assaut de la part du président du Conseil, très énervé par un échange de notes diplomatiques que justifiait la publication sensationnelle du mémoire de Miss Veuve, partout et toujours, il allait l’esprit tendu vers la même interrogation :

— Qui donc est Miss Veuve ?

Hélas ! le mystère allait encore s’épaissir.

Le sixième jour, des dépêches de Londres, apportèrent la terrible nouvelle que voici :

« Une formidable explosion a détruit cette nuit, de fond en comble, le château Fairtime. Le lord, sa fille, ses fils, leurs serviteurs, ont disparu, sans doute dévorés par le volcan criminel déflagrant sous leurs pieds.

« Le lord-maire a reçu une dépêche ainsi rédigée, qui semble un audacieux défi du coupable : « Cher lord, à Wimbleton, comme ailleurs, l’orage détruit le beau temps (Tempest kills fair times). Je signe ce charmant jeu de mots : MISS VEUVE ».

« Il semble donc que l’étrange personnage, dont s’occupe la presse mondiale, réclame la responsabilité de ce nouveau désastre. »

Le lendemain, par exemple, une note paraissait dans les principaux quotidiens d’Europe. Tous disaient avoir reçu cette dépêche tragique dans sa concision désespérée :

« Fairtime a été détruit au moyen de la roburite, cet explosif allemand. Tout ce que j’aimais a disparu. Je serai sans pitié pour les assassins. »

Et cette note était signée : « miss veuve ».