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LE VOLEUR DE PENSÉE.

Ils s’étaient présentés à Fairtime-Castle, et prenant les devants sur toute interprétation possible, ils avaient expliqué leur présence en disant la vérité… relative, maximum d’hypocrisie des fourbes.

— À un moment, avait dit Von Karch, j’ai eu la même pensée que vous, lord Fairtime. Riche, j’aurais mis ma fortune à la disposition du pauvre garçon qui n’est plus. Père, je l’aurais souhaité comme époux à ma fille chère.

Quand j’ai connu vos droits antérieurs, je me suis retiré. Mais en ce jour de tristesse, il m’a paru que ma venue, celle de ma Margarèthe, vous seraient un réconfort. Permettez que nous nous mêlions à vos amis. Ce sera une façon de leur dire :

« Voici un père, voici une jeune femme qui agiraient ainsi que les châtelains de Fairtime. »

Devant des sentiments aussi délicats (il est à remarquer que les menteurs inventent des délicatesses alors seulement qu’ils désirent tromper quelqu’un) comment ne pas accueillir les nouveaux venus ?

Au nom d’Édith, Péterpaul avait exprimé des remerciements émus à ce couple, ce qui avait fort troublé Margarèthe.

Et on leur concédait à présent une place d’honneur auprès de la famille, dans le cortège.

Des amis du voisinage venaient ensuite, les serviteurs et employés de la propriété fermaient la marche.

Le cercueil fut glissé dans la case réservée. Les assistants défilèrent devant Édith, immobile ainsi qu’une statue de la douleur, puis tous, par petits groupes, s’égrenèrent à travers le parc, chacun regagnant sa demeure.

Von Karch demeura le dernier.

Il serra les mains du lord, de ses fils, d’Édith, avec des mines apitoyées, jouant l’homme qui retient à peine ses larmes.

À Péterpaul, il murmura :

— C’est un ami, un véritable ami qui vous quitte et qui espère vous revoir dans de moins pénibles circonstances. À Berlin, si vous y venez, ma maison doit être la vôtre.

Et les deux Allemands s’éloignèrent pour regagner Londres.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À ce moment même, Édith déclarait qu’elle voulait passer la nuit en prières dans la chapelle, seule en face du mort qu’elle pleurait.

Lord Fairtime avait voulu s’opposer à cette macabre fantaisie. Mais, cette