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Kyra, telle que Nazim Effendi l’avait parée, dans son voilier, en superbe costume d’odalisque, de cadâna de harem, ressemblant aux portraits accrochés sur les murs !…

Je chancelai, battis des mains et criai en roumain ;

« Kyra ! Kyralina !… C’est moi, Dragomir ! »

La jeune femme sourit sous son voile transparent et me salua de sa main gantée, mais le cocher claqua du fouet ; l’eunuque qui était à côté de lui me foudroya du regard, et les chevaux volèrent.

Je crus mourir !… Oui, c’était Kyra ; elle m’avait fait signe !… Et, sans plus, je me mis à sauter comme une autruche à la poursuite de la voiture, en me disant en moi-même :

« Seigneur tout puissant !… À peine ai-je avoué mon péché et fait mon repentir, que ta grâce m’envoie déjà la sœurette perdue !… »

La voiture, malgré ma course, s’éloignait visiblement ; à bout de souffle, je craignais de la perdre de vue. Pour mon bonheur, je la vis, à la sortie du bois, se diriger tout droit vers une somptueuse villa dont la grande porte s’ouvrit à deux battants, avala l’équipage, et se referma sur lui.

Je criai de joie ! De toutes mes forces