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Pour me consoler, je demandai un verre d’eau-de-vie, puis un autre. L’heure du dîner arriva. Je pris un repas sommaire et bus un verre de vin, puis un autre. Et le cœur gros d’incertitude, je montai dans ma chambre.

Là, un homme dans la trentaine, à moitié déshabillé, restait assis sur le bord de son lit. Une lampe à pétrole brûlait sur la table. Deux chaises. Les lits d’une propreté douteuse. Une glace fumée. Point de lavabo.

Je lui souhaitai bonsoir, en grec, et j’examinai mon lit.

« Il faut l’éloigner du mur, » me dit-il, comme à une vieille connaissance. « Il y a des punaises. Et nous devons laisser la lampe brûler toute la nuit : les punaises, comme les hibous, craignent la lumière.

— Des punaises ? » demandai-je ; j’ignorais totalement ces bêtes-là. « Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Tu ne sais pas ce que c’est que des punaises ? Eh bien, tu l’apprendras cette nuit. Mais, dis donc, où as-tu couché jusqu’à présent pour ignorer cela ? Moi, je ne sais pas ce que c’est qu’un lit sans punaises !

— Ça fait mal, les punaises ? » questionnai-je, effrayé de ce nouvel ennemi.