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de clamecer, et qu’il avait plus d’héritier direct, ni même de famille, il a songé à son fruit illégitime…

— Allez-vous me dire combien !

— Combien d’bâtards ?… Y’ avait qu’Zouzoune, bien sûr, puisqu’il a pas pensé à des autres. Il a fait faire des recherches par une agence, il a su qu’on était toutes les deux vivantes, et y nous a mises sus son testament, Zouzoune et moi.

— Combien ?… Combien ?… Combien ?

— Six… Six… sanglota Sophie, suffoquée par l’émotion.

— Six francs ?… Le salaud !

— Non… Six… Six mille…

— C’est tout de même mieux, mais c’est pas lourdement excessif, fit Bourbeux, soudain devenu gourmand.

— Attends donc ! glapit Zouzoune… Tu ne nous laisses le temps de rien dire. Il y a six mille francs de rente viagère pour maman, et le reste de la fortune pour moi, à ma majorité… Malgré les frais qui seront énormes, comme de juste, paraît qu’il me testera plus d’un million. Alors, c’est pas encore aujourd’hui que j’irai la perdre chez ta comtesse, ma vertu !

— Un million ! râla Casimir, le visage soudain violet, les yeux hors de la tête… Un million, nom de cent mille cuites !… Par combien d’apéritifs que ça se démombre numéralement, un mill… un mill… un mi…

Puis, comme s’il eût été culbuté, soudain, par le choc formidable de l’immense vague d’alcool que croyaient voir déjà ses yeux émerveillés, Casimir Bourbeux s’affaissa sur le trottoir, foudroyé par une congestion.


xii


Le docteur a déclaré qu’il n’y avait plus rien à faire. Et l’on ramène à son domicile le corps de Casimir, qui passe ainsi pour la première fois, sans entrer, devant le petit bar du coin.

C’est la journée aux événements, car il y a encore une lettre chez la concierge ! Pour Zouzoune, cette fois. Le cœur battant la charge, sans savoir pourquoi, la petite cherche tout