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— Non vieux frère… C’est tentateur et mirifique, ton vin blanc… Mais c’est d’une chronologie inactuelle, vu que je dois préopiner des interjections urgentes à ma bourgeoise et à sa gosse, rapport à ma responsabilité de chef de famille paternel et autocratique… Vieux frère, à l’agrément de la revoyure inopinée !

Et Casimir s’en fut, songeant :

— Des millions et des millions, nom d’une cuite !… Pour sûr, alors, que j’ai fait la gaffe aberrative et fourvoyante. J’pouvais-t-y l’horoscoper, moi, qu’un fils unique et individuel de millionnaire allait se transfuser en petit employé sans le sou, pour la jouissance postiche et attractive, bien sûr, de se savoir aimé quant à lui-même ?

Une heure plus tard, cet être infatigablement paternel tombait chez lui, où l’on n’attendait sa rentrée que pour le matin au plus tôt.

Sans paraître remarquer que Sophie avait délivré Zouzoune en dévissant la serrure de la soupente, Casimir éructa, dans un copieux relent d’alcool, ces paroles magnanimes :

— J’suis pas un père barbare et anthropophagique… J’veux pas qu’Zouzoune all’ait du chagrin afflictif et atrabilaire, nom d’une cuite !… J’y récupère mon autorisation paternelle de réintégrer l’atelier demain matin, et de réagglomérer les nœuds d’affection qui la cimentent avec Gaston Clarinet, un garçon que je m’ai laissé conquérir à lui vouer une accointance sympathique, malgré que ça soye qu’un petit employé sans le sou… C’est juré !… Cochon qui s’en dédit !…

— Quel brave homme, tout de même, mon Casimir ! pensait Sophie tout émue.

Et Zouzoune songeait, l’âme ravie :

— Enfin !… Demain, je la donne à Gaston, ma saleté de vertu !


ix


Vous pensez bien que Zouzoune, si lourde de sa vertu trop longuement gardée, se trouvait le lendemain, dès six heures du soir, à la station de métro Opéra. Et vous êtes bien certain que Gaston l’y attendait.