de tort à personne, et je… et je vous demande mille et mille pardons.
— Vous êtes un malappris, un grossier personnage ! cria Hougnot, encouragé par ces allures prudentes.
— Monsieur, je regrette bien de vous avoir mécontenté… et je vous demande mille pardons ! dit encore le jeune homme en faisant quatre pas en arrière et deux grands saluts.
— Si je voyais passer le garde-champêtre, je vous ferais empoigner, entendez-vous, monsieur ! Le jeune homme fit six pas en arrière, trois grands saluts, et bredouilla une phrase dont on ne put comprendre que la fin : mille et mille pardons.
— Si je vous y reprends, je vous tirerai les oreilles, entendez-vous, monsieur !
En faisant toute une série de profonds saluts, le jeune homme, toujours à reculons, gagna le tournant de la route, salua une dernière fois jusqu’à terre, puis disparut.
Non sans grommeler quelques injures supplémentaires, M. Hougnot courut à l’intérieur de la maison, où il trouva Marie et Joséphine qui descendaient l’escalier de l’air le plus innocent du monde.
— Connaissez-vous ce jeune homme ? demanda-t-il.
— Quel jeune homme ?… Il n’y a pas de jeune homme dans le grenier, papa… Il n’y a qu’un vieux rouet tout démantibulé… Veux-tu venir le voir, papa ?… Il est très curieux, le vieux rouet.
— Je me fiche de votre rouet !… Avez-vous ouvert le volet pendant que vous étiez là-haut ?
— Ouvrir le volet ?… Ah ! mais non !… Dans cette maison, tout est bien trop sale pour qu’on touche à rien !
Et Marie, sans affectation, croisa ses mains pour qu’on ne pût voir la paume de ses gants.