Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
par un beau dimanche

n’importe quoi, ce qui l’eût tout à fait réconforté.

Puis le quatuor reprit sa marche, au long de l’étroit sentier. Hougnot allait devant, pesant de tout son poids au bras de la pauvre Joséphine, et geignant encore de temps à autre, pour se faire cajoler. Bien abrité du soleil par le panama du docteur, il se retournait parfois pour rire de celui-ci, fort burlesquement coiffé, faute de mieux, de son mouchoir noué aux quatre coins. Indifférent à ces sarcasmes, M.  Brusy marchait doucement, aux côtés de Marie, en la tirant par sa robe pour lui faire comprendre qu’elle eût à ralentir le pas. Sitôt que son beau-frère fut assez loin pour ne pouvoir l’entendre, le docteur demanda, en s’efforçant de prendre un ton féroce :

— Maintenant, mademoiselle, reprenons l’entretien que cette saugrenue aventure a interrompu : quel est ce jeune homme en compagnie duquel je vous ai surprise, et avec qui votre sœur Joséphine vous laissait causer seule à seul ?

Marie ne parut ni effrayée ni confuse, et répondit d’un ton fort calme :

— C’est mon amoureux, mon oncle.

Oubliant déjà son rôle de sévère Mentor, le docteur laissa échapper un petit gloussement de joie.

— Ton amoureux ! dit-il… Belle nouvelle, vraiment !… J’en ai eu comme une vague idée en voyant qu’il te tenait par la taille et t’embrassait dans le cou… Je ne te demande pas ça… Je te demande comment il se nomme, s’il a une famille honorable, des moyens d’existence…

— François Deltour, vingt-trois ans, employé de commerce, fils de négociants honnêtes, mais sans fortune. Si je ne l’épouse pas, j’en mourrai ! déclama Marie d’une seule traite.

— Ton père ne se doute de rien, bien entendu ?