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par un beau dimanche

fâcheux de sa carrière commerciale, M.  Hougnot devenait soudain d’une humeur de dogue, et rendait la vie impossible à ses filles pendant le reste de la journée. C’est pourquoi le docteur rougissait d’avoir voulu risquer un propos qui ne lui eût pas rendu son argent, tout en valant des avanies certaines à ses deux nièces.

— Je vous l’ai dit vingt fois, continua M.  Hougnot, et je ne me lasserai pas de vous le redire : Nous sommes absurdes en gardant cette bicoque, qui produit à peine du six pour cent, alors qu’en acceptant les cinquante mille francs qu’on nous offre, et en les faisant fructifier de la manière que je vous ai exposée, c’est deux ou trois cents pour cent que le capital rapporterait. J’enrage quand je pense que cette maison appartient par moitié à ma fille cadette, que je tiens là un moyen certain de l’enrichir, et que votre stupide obstination a le pouvoir de m’en empêcher.

Mâchonnant un brin d’herbe et courbant la tête sous la bourrasque, le docteur revoyait, par la pensée, la merveilleuse rapidité que M.  Hougnot avait mise à dissiper son patrimoine personnel, les dots de sa première et de sa seconde femme, et, d’une manière générale et absolue, tout l’argent qui lui était passé par les mains, à quelque titre que ce fût. Mais il se gardait d’en souffler mot, parce qu’il préférait le repos de ses nièces au stérile plaisir d’affirmer des vérités désagréables.

— Pour l’affaire que je médite, reprit M.  Hougnot, l’heure est plus propice qu’elle ne le fut jamais. C’est pourquoi je vous demande une fois encore : Mon cher Pascal, voulez-vous, oui ou non, décupler votre fortune et celle de votre nièce Marie ? Voulez-vous vendre la maison ?

Placé en travers du sentier, les bras croisés, la canne sous l’aisselle, il était si arrogant, si