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— Joséphine était majeure quand père lui a défendu de se marier… Elle n’a pas voulu s’en prévaloir, je n’ai pas le droit d’en profiter plus qu’elle… Je vous l’ai dit et je vous le répète : vous m’épouserez si père y consent et si vous consentez à ce que je continue à aider cette pauvre Joséphine, à alléger un peu son pesant fardeau. Nous avons juré à notre mère mourante de ne jamais abandonner papa. Je ne vous l’ai pas caché, et vous avez accepté ces conditions. Si elles ne vous conviennent plus, il est encore temps de repasser la haie, mon ami.

Elle s’était levée, résolue. François, tendrement, la fit rasseoir auprès de lui.

— Ba chéri Barie, nazilla-t-il, vous savez bien que je vous aibe trop bour renoncer à vous… J’ai brobis d’attendre le consentebent de votre hère, et je tiendrai… atchoum !… je tiendrai ba brobesse… Bais cobbent bourra-t-on le décider ?

— Je n’en sais rien, hélas ! Je me demande si nous y parviendrons jamais… Il y aurait peut-être un moyen… Oui, vous savez bien : la vente de la maison… Si père voyait de l’argent, beaucoup d’argent, et si on lui en laissait la libre disposition, je crois qu’il consentirait à tout. Mais mon oncle et Joséphine ne veulent pas vendre, et ils ont raison, car c’est là notre dernière ressource en cas de malheur, et vous savez bien que le commerce ne va pas trop fort.

Longtemps, ils restèrent silencieux, la tête basse, courbés sous cette force énorme qui régit notre destinée à tous, bien plus sûrement que ne peut le faire notre propre volonté : les bonnes et les mauvaises actions de nos ascendants, de nos proches, de tout notre entourage. Enfin, l’amoureux releva la tête.

— Bourtant, murmura-t-il, on serait si heureux si on bouvait… Atchoum !… si on bouvait se barier !