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Soulevant une des longues branches traînantes, ils pénétrèrent dans la Salle de Bal, et se trouvèrent aussitôt enveloppés par une obscurité complète, absolue, que ne parvenait pas à percer le plus petit rayon de lune. Marie, frissonnante, se blottit contre François.

— N’ayez bas beur ! dit-il. Il n’y a bas le boindre danger… Gagnons le bilieu, je barie qu’on bourra s’asseoir… Atchoum !

Tâtonnant à l’aveuglette, ils avancèrent doucement et ne tardèrent pas à butter contre le tas de fagots remisés là par Séraphie, un tas énorme, disposé en gradins, dont le premier formait une espèce de banquette.

— Vous voyez qu’on beut s’asseoir, souffla l’amoureux. Bettez-vous brès de boi, bien brès, ba chère Barie, et dites-boi que vous b’aibez… Atchoum !

La jeune fille pouffa, discrètement.

— Impossible ! répondit-elle. Je ne pourrai jamais dire ça à un homme qui m’appelle Barie et qui éternue autant que vous le faites.

— Je vous rébète que si je be suis enrhubé c’est pour l’abour de vous… Atchoum !… Vous ne bouvez pas b’en vouloir, Barie !

— Je ne vous en veux pas, mais je vous trouve ridicule, et je ne peux pas dire que je l’aime à un homme aussi ridicule que vous l’êtes en ce moment.

— Alors, vous ne b’aibez plus, Barie ?

— Grand bêta ! Je ne peux pas vous aimer pour le moment, ça ne veut pas dire que je ne vous aimerai jamais plus.

L’amoureux réfléchit, penaud et perplexe, s’avérant ainsi bien naïf encore, bien peu au fait de la complexité des sentiments féminins. Enfin, il demanda, timidement :

— Je beux encore vous embrasser, Barie ?