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par un beau dimanche

mense panier presque aussi grand qu’elle.

Fort embarrassée, la jeune fille consulta son oncle.

— Je ne peux pourtant pas, dit-elle, emporter ça pour lui faire plaisir. Comment sortir de là ?

— Montrez-lui par gestes, dit l’oncle, que le fardeau est trop lourd pour vous. Il comprendra.

Marie empoigna donc le panier à pleins bras et feignit de vouloir le soulever sans y parvenir. L’idiot sembla profondément déçu, puis, tout à coup, prit l’énorme manne d’une main, tout en se frappant la poitrine de l’autre.

— Ça y est, dit le docteur. Il va nous suivre avec son ustensile, et jusqu’au bout du monde s’il le faut.

Marie eut un petit rire satisfait, car il n’est guère de femme à qui cela déplaise d’être suivie pour l’amour d’elle-même, fût-ce par le dernier des idiots. Puis, constatant que son père n’était plus dans la grotte, elle souffla :

— Sortez donc, mon oncle. Papa va s’impatienter si vous le laissez seul avec Joséphine.

Et le sévère Mentor s’en alla docilement, sans avoir l’air de remarquer que Marie se dirigeait aussitôt vers l’épaisse colonne de vapeur qui continuait à s’élever d’un billot de bois, au coin du foyer.

Derrière la porte à moitié refermée, le docteur entendit quelques pépiements de petits oiseaux, mêlés à un bruit de voix confuses et pressées. Puis la jeune fille sortit, tout juste à temps, car Hougnot revenait déjà sur ses pas en demandant d’un air soupçonneux :

— Que faites-vous donc, là-dedans ?

— C’est Pas-Bon, répondit Marie, qui voulait me faire emporter son panier.

Le père murmura de vagues paroles, où il était question de crétins qui mériteraient des coups de pied quelque part. Mais ces menaces