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par un beau dimanche

saccageait tout en se couchant dessus pour sangloter et hurler à son aise.

— Je vous dis que c’est une brute ! Il faut être une brute pour agir ainsi ! grogna Hougnot, indigné.

Et les deux jeunes filles contemplèrent, avec un peu de répulsion, cette espèce d’animal incapable de comprendre que, pour exprimer une douleur sincère, le jardinage est un moyen bien supérieur aux larmes et aux hurlements.

L’idiot ne sentit pas cette réprobation. Contre son habitude, il se désintéressait des discours, ne fixait plus ses ardents regards sur le visage des interlocuteurs. Plongé dans un bonheur indicible, il louchait avec constance et sérénité vers la broche épinglée sur sa poitrine, la caressant parfois d’une main timide et frémissante.

— Je crois qu’il ne pleut plus ! dit soudain Joséphine.

Hougnot courut ouvrir la porte et constata que la pluie avait cessé, en effet.

— Sortons, cria-t-il. Sortons bien vite !… J’en ai assez, moi, de votre sale grotte !… Les hommes ne sont pas faits pour vivre dans des grottes !

Mais le docteur protesta d’un air indigné.

— Pendant des milliers d’années, affirma-t-il, nos ancêtres n’eurent pas d’autre domicile… Je peux vous le prou…

— Ils avaient tort ! déclara l’autre en sortant. Et puis, rengainez votre conférence, n’est-ce pas, et conduisez-moi vivement à l’auberge. Je meurs de faim, moi.

Les deux jeunes filles et le docteur voulurent suivre Hougnot au dehors. Joséphine passa sans encombre. Mais Marie fut happée au passage par une petite patte brune et vit Pas-Bon qui lui tendait de nouveau, radieux et soumis, l’im-