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GILLES. — C’est si tell’ment la même chôsse, que rien qu’à vous l’entente lire, je croyais encore que ch’ sentais la tête de l’ours sur la mienne.

Mme FLIGOTE. — C’est à la tête, qu’i vous a mordu ?

GILLES. — Mordu !… Avez-vous jamais entendu dire qu’un coronisse de garderope a mordu quelqu’un ?… Et bin moi, c’est avec un coronisse, mon histoire.

Mme FLIGOTE. — Bin vous disiez qu’ c’était comme le dompteur…

GILLES. — Justement, c’est tout fî pareil, avec un ours èt tout… C’est mon camèrâte Doné Trawèt qui m’avait fait engager chez son maîte, pour faire le dèmènach’ment d’un chateau du coté d’Esneux… où d’ Waremme, je n’ sé plus au jusse… Ce qu’i-gn-a d’ sûr èt certain, c’est qu’ c’était à la campagne hors de Liéche… Beau mètcher, sa-vous, les dèmènach’ments… C’est l’habutute qu’on verse à boire aux hommes… Je comptais là-d’ssus, comme de jusse, èt voilà quand on arrife qu’i-gn-avait personne dans l’ chateau pour nous verser la goutte… « Flaîrante affaire ! » dis-che moi… « Rattends, dist-i Doné Trawèt, on voit bien qu’ tu n’as pas l’habutute. » I va faire un p’tit tour dans la câfe, èt i r’vient à peu près trois quarts d’heure après, avec trois bouteilles de cognac qu’étaient cachées derrière un tonneau. « C’est l’ maîte du chateau lui-même qui les a mis là pour nous faire une surprîsse », dist-i ainsi… Surprîsse ou non, nous commençons par boire les trois lites sur une demi-heure, à nous trois qu’ nous ètchons avec un aute, pour nous donner du cœur avant d’ travailler, vu qu’on nous avait dit qu’i fallait aller vite.

Puis voilà Doné èt l’aute qui montent prente des meupes en haut, èt qui m’ dissent de prente des meupes en bas… J’ente dans la première place, èt