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Ils sortent toujours pour chercher de l’ouvrage, lui dès qu’il a déjeuné, elle environ une heure plus tard, et ne rentrent tous deux, toujours séparément, que bien tard dans la nuit Mais je crois, décidément, qu’Adalbert n’est pas un garçon sérieux. Hier, à trois heures, passant devant le café du Théâtre, je l’ai vu, installé là, en train de jouer aux cartes. Quand je suis repassé, vers huit heures, il jouait encore et n’avait sans doute pas quitté la partie. S’il croit que c’est ainsi qu’il trouvera un emploi !

Le vieux goret d’en face a sans doute renoncé à séduire la petite Yaya. Il y a bien cinq ou six jours, me semble-t-il, que je ne l’aie vu à son balcon.

10 mai. — Les petits voisins sont partis. Ne les ayant plus entendus depuis deux jours, j’ai interrogé la propriétaire. Adalbert, en donnant congé, lui a dit qu’il avait trouvé de l’ouvrage, mais qu’il devait habiter un autre quartier de la ville pour être à proximité de ses occupations. Il avait sans doute reçu une forte avance, car il a, paraît-il, changé un billet de cinq cents francs pour payer son loyer.

Je suis sincèrement heureux, pour ces enfants, de ce qu’un travail bien rétribué, et plus honorable, selon moi, que la vie de théâtre, les ait enfin sauvés de la misère menaçante.

15 juin. — Hier, j’ai revu Adalbert, mon ancien voisin. Il est entré dans le petit café où je vais, tous les mercredis, de neuf à onze heures, prendre un bock et jouer ma partie de dominos. Il portait un costume flambant neuf, un véritable chapeau de Panama, des bagues, une magnifique épingle de cravate et une canne à crosse d’argent.

Il était accompagné d’un jeune homme au visage rasé, qui doit être un acteur également et ils se sont assis à la table voisine de la mienne.