Page:Isis Copia - Fleurs de rêve, 1911.pdf/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Et quand nous te voyons, fleur de silence et d’ombre,
Immobile, le soir, rêver sur nos blancs murs,
Nos pauvres cœurs souffrants trop mous pour être mûrs
Sentent frémir l’espoir dans leur être en décombre…

Mais dis-le moi, petite, à quoi peux-tu rêver ?
Est-ce que tu te sens un esprit raisonnable,
Ou bien entrevois-tu quelqu’ astre connaissable
Du bout de tes noirs yeux que tu ne peux lever ?

Dans ton squelette affreux sans couleur et sans forme
Y a-t-il donc un cœur qui souffre, un cœur qui bat ?
Éprouves-tu l’amour, ne l’éprouves-tu pas ?
Quel est cet élément dont ton rêve se forme ?

Ah ! rêve sur nos murs, araignée du soir,
Car tu ne mourras pas, je te laisse la vie ;
Mais puisqu’œil pour œil et que dent pour dent, ma mie,
Demande à Dieu pour moi la vie de l’espoir !