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À quoi faut-il songer à pareille heure ? à des lointains roses, mauves, oranges, bleus d’un bleu très pâle ; à de très hautes montagnes tapissées de verdure et ceintes de bois murmurants ; à des sources argentines chantant tendrement, mollement sur les gazons frissonnants ; à des figures graves au regard méditatif, au front incliné, aux contours fermes et gracieux…

… Vues indécises, vagues, délicieuses, qui, comme l’éclair, traversez l’imagination, d’où venez-vous ?

… Il pleut lentement, doucement, comme une romance en sourdine…

Adieu ! les beaux jours d’été sont à leur terme, et ce soir, le dernier que je passe ici, je sens une inlassable mélodie plaintive traîner dans mon âme, et sur ce papier vierge je trace un dernier adieu triste… jusqu’aux larmes.

Finie la poésie des montagnes libanaises, je m’en vais loin de ces lieux si doux et si chèrement aimés !

Ah ! les silhouettes des montagnes lointaines, comme je serai triste lorsque la brume marine les voilera et que le nouvel horizon azuré de la mer les dérobera à mes yeux.

Je ne sais pourquoi il m’en coûte tant de m’éloigner du Liban. Certes, c’est mon pays ; la Nature y