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COROLLAIRE VI.


Si des corps ſe meuvent entr’eux d’une façon quelqconque, & qu’ils ſoient pouſſés par des forces accélératrices égales, & qui agiſſent ſur eux, ſuivant des lignes paralleles, ils continueront à ſe mouvoir entr’eux de la même maniere que ſi ces forces ne leur avoient pas été imprimées.

Car ces forces agiſſant également (par rapport à la quantité de matiére des corps à mouvoir) & ſuivant des lignes paralleles, elles feront mouvoir tous ces corps avec des vîteſſes égales par la ſeconde loi. Ainſi elles ne changeront point les poſitions & les mouvemens de ces corps entr’eux.


SCHOLIE.


Les principes que j’ai expliqué jusqu’à préſent ſont reçus de tous les Mathématiciens, & confirmés par une infinité d’expériences. Les deux premieres loix du mouvement & les deux premiers Corollaires ont fait découvrir à Gallilée que la deſcente des graves eſt en raiſon doublée du temps, & que les Projectiles décrivent une Parabole, ce qui eſt conforme à l’expérience, ſi on fait abſstraction de la réſiſtance de l’air qui retard un peu tous ces mouvemens.

La gravité étant uniforme, elle agit également à chaque particule égale de temps, aiſi elle imprime au corps qui tombe des vîteſſes & des forces égales : & dans le temps total elle lui imprime une force totale & une vîteſſe totale proportionnelle au temps. Mais les eſpaces décrits dans des temps proportionnels, ſont comme les vîteſſes & les temps conjointement ; c’eſt-à-dire, en raiſon doublée des temps. Donc, lorſque les corps ſont jettés enhaut, la gravité leur imprime des forces & leur ôte des vîteſſes proportionnelles au temps. Ainſi les temps que ces corps mettent à monter à la plus grande hauteur, ſont comme les vîteſſes que la gravité leur fait perdre, & ces hauteurs ſont comme les temps multipliés par les vîteſſes, ou en raiſon doublée des vîteſſes. Le mouvement d’un corps jetté ſuivant une ligne droite