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mon cher ami, que je ne suis pas un faiseur d’esquisses ou de dessins pour fignoler, comme on dit, et que je ne reconnais dans les œuvres que leurs beaux résultats. Donc, lorsque je fais des études, ou sur papier ou sur toile, c’est pour qu’elles puissent me servir essentiellement et non pour être étalées dans des cabinets. Aussi, je te prie de ne pas les prendre à la lettre ; je ne te les envoie que pour ne pas me refuser à ton désir, me croyant, cher ami, bien plus engagé avec toi que pour des esquisses. Si la nécessité et le temps me l’avaient permis, je t’aurais peint un tableau que tu auras, bien sûr.

Quant à M. Graves, si, (excepté le petit Henri), tu ne lui a pas encore parlé des autres tableaux, ne le fais pas ; car je ne pourrai, cette année, tenir mes engagements pour un autre ouvrage.

Je suis sensible à ce que tu me dis de Gros. Cela ne m’étonne pas ; il a plus de bonne foi que les autres, quoique plus rude.

Landon est un brigand, qui ment par sa bouche ; il est au nombre de ceux que je peux avoir piqués et qui s’en vengent stupidement ; sa critique n’est que le coup de pied de l’âne, et n’en est que plus dangereuse. Quant à Miel, tu te trompes sur son compte. Il n’est point artiste et me rend beaucoup justice, il est d’une grande générosité et touche à des points très forts, sur moi et sur la route malheureuse que prend la peinture. Je t’enverrai son article ; il est intitulé : Annuaire de l’École française de Peinture ou Lettre sur le Salon de 1819,