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Capucins qui, pour moi, ne sont pas même des capucins, comme il faut l’être aujourd’hui pour arriver. Il est un compose d’égoïsme et d’ambition telle qu’il m’a, avec ses Capucins, toujours mis de côté à Rome, sachant bien, néanmoins au fond de son âme, que mon tableau de Saint Pierre est un bel ouvrage historique et, par conséquent, au dessus par la qualité de tous les capucins du monde ; que, non seulement ce tableau, mais une des plus petites parties de ce tableau devraient me donner la véritable croix d’honneur et la fortune. Et pourtant, c’est à lui et au Forbin que je dois une partie de ma mauvaise fortune, par la poca cura qu’ils ont eu de mes ouvrages au dernier Salon. Ils m’ont trahi vilainement. Je ne crois pas que Forbin ait eu aucune part à l’article du Moniteur. C’est l’excellent M. Thévenin, directeur de l’Académie de France à Rome, par son compte-rendu au ministre, qui m’a valu la demande d’un tableau, et c’est ce tableau que MM. de Montauban ont obtenu.

Mais pourquoi donc ce tableau classique de Saint Pierre, qui avait fait crier d’admiration M. de Forbin et Yernet à Rome, et généralement amis et ennemis, se trouve-t-il pour ainsi dire oublié et perdu ? C’est parce que ceux-là même qui devraient toujours le relever, entendent bien l’art perfide d’abnèguer et de soustraire un honnête artiste à sa gloire et que cet ouvrage, pour mon malheur, ne pourra jamais être vu à Paris et sortir de sa tombe. Bien heureux si, quand