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le petit tableau, combien il est le plus grand calomniateur et le plus ignorant. Cher ami, je sais combien les morsures de ce chien enragé te paraissent cruelles pour moi. Bartolini m’a dit quelque chose d’une de tes lettres, où tu paraissais t’occuper trop tôt de lui. Il n’en est pas temps encore. Bien entendu que mes ouvrages finis et vus nous vengeront, j’espère. Je ne refuse pas la voix de la vérité venant surtout de toi, mon meilleur ami, appuyée de mes compatriotes, pour venger, j’ose dire, de la manière la plus éclatante, non seulement moi, mais nous. Pour cela, il faut frapper sur, juste et fort, et je suis à forger les armes.

Je pense, cher ami, que je ne dois écrire à M. Graves que lorsque nous aurons contracté ; on est, comme cela, plus libre. Exprime-lui, en attendant, combien je suis flatté de la confiance qu’il parait avoir en moi, que je suis extrêmement sensible à ce qu’il ait désiré avoir un de mes ouvrages que je me fais honneur de placer en de si bonnes mains, que je suis extrêmement fâché du retard que j’ai mis à le servir, sans qu’il y ait cependant de ma faute ; et cela, avec toute l’expression de mon respectueux dévouement.

Quant à ce qui touche notre définitive réunion, bien sûre et bien vivement désirée pour ma part, nous en causerons, j’espère, bientôt de vive voix. Certes, la vérité est que, établi ici, j’y ai deux beaux ateliers presque pour rien. Je les trouverais difficilement à Paris, en les payant dix fois plus. Je m’y suis mis dans mes meubles, sans