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réserve à vous en faire le détail à Paris, en famille, au coin du feu, l’hiver, quand Paris est impraticable. Eh bien, vive Paris ! Il n’y a encore que Paris dans le monde ; je ne sais si c’est parce que vous y êtes, mes chers amis, mais je le pleure tous les jours et je suis vraiment malheureux, lorsque j’y pense. Combien je vous regrette, et ma chère Julie ; plaignez-moi et donnez-moi des consolations tant que vous pourrez, car je suis tout seul.

Je vous suis bien obligé du bon accueil que vous faites à Grégorius le bon, au cher Dumai et à Bartolini ; c’est une preuve de votre bonne amitié pour moi. Je ne vous embrasse, malheureusement qu’en idée, bien tendrement tous les trois, sans oublier la bonne Clotilde. Je pars le 7 octobre pour Rome, où j’arriverai le 12 ; j’espère y trouver de vos bonnes nouvelles et le second Bulletin du Salon sur mes ouvrages.

Adieu, bonne madame Forestier, ma chère Julie Forestier ; à vous, mon cher monsieur Forestier ; aimez-moi autant que je vous aime ; rappelez-moi, je vous prie, au souvenir de M. Salé, que j’aime et respecte beaucoup. Adieu, le meilleur de mes amis.

Ingres.

Faites-moi grâce, je vous prie, du galimatias de ma lettre et pardonnez-moi les mots qui y manquent, ceux qui y sont de trop, les points, les virgules et tout ce qui n’est pas bien. Je voudrais pouvoir écrire aussi vite que la pensée et je manque de patience à former les mots ; il y a trois jours que je suis arrivé à Florence.

Rome, ce 22 octobre 1806.

Et vous aussi, mes chers amis, m’abandonneriez-vous à tout ce qui m’accable ? Quelles horreurs est-ce que je viens d’apprendre ? Je sais tout ce qui se passe à Paris sur mon compte. Le Salon est donc le théâtre de ma