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» J’avais promis, Monsieur, de vous transmettre… (Bas de page coupé)

(Verso) avant de le rendre, j’avais note ce trait touchant.

» Adieu, Monsieur ; offrez, je vous prie, mes bien respectueux hommages à Mme Ingres. Et au plaisir de nous revoir bientôt ensemble, sur ces routes où Beethoven sait si puissamment émouvoir nos âmes. »


« Les Français ont naturellement la mauvaise coutume de n’estimer pas assez les hommes savants qui naissent parmi eux et d’estimer trop ce qui vient des pays étrangers. Plusieurs croient qu’ils ne paraîtraient pas habiles connaisseurs, s’ils ne trouvaient à redire à ce que l’on fait ici ; et, pour donner des marques qu’ils ont beaucoup de discernement et de connaissance des bonnes choses, ils sacrifient volontiers l’honneur de leur pays pour priser davantage les ouvrages de leurs voisins. »

Ainsi disait Félibien à l’occasion de la préférence que l’on avait donnée au Bernin sur les architectes français. N’avait on pas fait venir le « chevalier » à Paris, pour qu’il y exécutât la colonnade du Louvre ? Tous savent que, quoiqu’il fût un homme de génie, il trouva à qui parler, et il eut la modestie de se retirer. Celui qui le remplace aujourd’hui se nomme Canova ; c’est le meilleur de l’Italie, mais il n’a du Bernin que son mauvais goût d’une autre sorte. Il ne s’en est pas tiré avec autant de modestie et de bonne foi, ces deux qualités qui parachèvent le grand homme.

Félibien continue en disant que, par toutes les grandes choses que fait le roi, aidé de son illustre ministre, nous espérons bientôt guérir ces ignorantes personnes d’un mal qui dure il y a trop longtemps ; et que, reconnaissant de bonne foi les avantages que nous avons sur les autres peuples, on ne sera plus si injuste envers notre patrie, de croire que les Français sont incapables de faire de grandes