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M. de Montbrizon pour de remarquables portraits en miniature de l’École de Clouet et pour une appréciable Circoncision du Vénitien Carpaccio. Mais, dans l’étude spéciale que nous nous proposons ici, nous ne voulons retenir que les 54 tableaux qu’Ingres, par une lettre du 18 juillet 1851 qu’on a lue dans ce Recueil, offrit au Musée naissant de sa ville natale. N’étaient-ils pas les bons amis en compagnie desquels il avait vécu et qui lui aideraient à se survivre, dans ce Montauban où la fortune aveugle lui avait si peu permis de séjourner ? « Il m’est doux de penser qu’après moi j’aurai comme un dernier pied-à-terre dans ma belle patrie ; comme si je pouvais, un jour, revenir en esprit au milieu de ces chers objets d’art, tout rangés là comme ils étaient chez moi et semblant toujours m’attendre. Enfin, je suis heureux de penser que je serai toujours à Montauban et que là où, par circonstance, je n’ai pu vivre, je vivrai éternellement dans le généreux et touchant souvenir de mes compatriotes. » Ingres n’avait-il pas eu déjà à remercier ses concitoyens de maints honneurs qu’ils lui avaient rendus ? « Je suis vivement touché, écrivait-il le 14 novembre 1842, de la nouvelle preuve si honorable pour moi que vient de me donner le Conseil municipal de Montauban en vous autorisant, Monsieur le Maire, à acquérir, pour le placer dans un des établissements publics de la ville, le buste que M. Ottin a fait de moi. » Et, le 13 mai 1844 » n’avait-il pas à adresser de nouveaux remerciements au Conseil municipal de sa ville natale qui avait décidé, à l’unanimité, que la nouvelle voie ouverte depuis la rue Corail jusqu’au Rond, s’appellerait la rue Ingres ? « Une pareille distinction, décernée par mes chers compatriotes, m’est bien précieuse ; mais, Monsieur le Maire, en me rendant l’objet d’une si éclatante ovation, ne craignez-vous point d’anticiper trop tôt sur le domaine de la postérité et ne me jugez-vous pas trop favorablement avant elle ? Ratifiera-t-elle une décision qui m’accorde le plus grand honneur que puisse ambitionner un homme ? »