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des plus brillants succès qui m’accablent, (car je suis plus modeste qu’on ne pense), je suis accablé d’ennuis, par une maudite fièvre qui ne me laisse pas un jour ou plutôt une nuit de repos. Mais ainsi vont les choses de ce monde. Je serais trop ingrat de me plaindre, ne serait-ce que de la grâce que Dieu me fait de vivre si longtemps et dans le parfait exercice de mon art.

Voilà donc Montauban, ma chère patrie, qui se donne au noble et doux attrait des arts. Je l’en félicite et partage le plaisir qu’ils vont lui procurer. L’ami Cambon m’instruit parfaitement de tout ce qui se passe dans les grands apprêts de cette brillante Exposition, à laquelle vous attachez mon nom avec tant d’honneur. Aussi, me suis-je rendu à votre appel en envoyant quelque œuvre nouvelle ; et je vous charge, toi, ma fille, et ton mari, de m’excuser auprès de mes chers concitoyens de ne pouvoir leur envoyer davantage, avec l’expression de ma vive reconnaissance pour tout ce qu’ils font et sont pour moi. Et, à ce propos, j’espère que nous serons tiers et heureux de pouvoir faire figurer à cette Exposition le portrait de ton vénéré père, mon ami d’enfance. Je me félicite d’en avoir esquissé le portrait et d’en avoir fait le premier de tous mes portraits. J’espère aussi, — et je te le recommanderais, s’il y avait lieu, — y voir exposer tes propres œuvres.

…J’ai oublié, dans ma dernière lettre à Cambon, de lui dire de ne pas exposer certaine Chapelle Sixtine qui n’est pas entièrement de